A. Front populaire ou front révolutionnaire ? (1936-1937)

Malgré son hostilité à l’égard des partis politiques, l’équipe du Libertaire soutient depuis le 6 février 1934 les différentes manifestations antifascistes organisées par la gauche. Pourtant l’hebdomadaire de l’U.A. ne rate pas une occasion de prévenir ses lecteurs des dangers de l’alliance contre nature des radicaux, des socialistes et des communistes. Outre cet éclectisme, les anarchistes dénoncent la démagogie du programme du Front populaire et en profitent pour rappeler quelques uns de leurs principes de base. Croire à ses promesses électorales, ce « serait oublier le vrai caractère du pouvoir politique qui n’est qu’un leurre, parce qu’il est archi-démontré que le vrai pouvoir est économique ». [1] Les collaborateurs du journal n’auront de cesse de dénoncer cette imposture.

Une fois passée la vague de grèves et d’occupations d’usines, certains d’entre eux voudront « substituer à ce front hétéroclite d’intérêts contradictoires, un front d’intérêts prolétariens ». [2] Mais la tentative de création d’un front révolutionnaire va provoquer une nouvelle scission dans le mouvement libertaire français. Seule la solidarité à la Révolution espagnole parviendra à les réunir momentanément dans l’action.

[1Piloche, « Les possibilités du Front populaire », Le Libertaire, n°480, 24 janvier 1936.

[2Le Libertaire, n°543, jeudi 1er avril 1937.